Magog, 18 avril 1843. Les Cantons de l’Est sont en émoi. On ne peut les blâmer, la fin du monde est annoncée pour le lendemain. L’Américain William Miller (1782-1849) est venu plusieurs fois à Magog voir sa sœur et son beau-frère pour les informer de la fin du monde. Après de laborieux calculs avec les chiffres du prophète Daniel et de l’Apocalypse, il est convaincu que la venue de Jésus-Christ est proche. À Stanstead, Dunham, Farnham, beaucoup attendent, fébriles, que le Christ les emporte au ciel avant de détruire le monde. Immense déception. Miller refait ses calculs. Ce sera pour l’équinoxe de 1844.

50 000 Américains vendent tout ce qu’ils ont et se regroupent au sommet des collines pour attendre l’arrivée du Christ. Déception. Mais pas pour tous. Des inconditionnels expliquent que l’année 1844 devait simplement “préparer” la venue (adventus) du Christ. Pour assurer sa venue, il faut se purifier de différentes façons en commençant par le respect du samedi, jour du sabbat des Hébreux. De là le nom d’Adventistes du septième jour qu’on leur donne. En fréquentant les Adventistes, l’Américain Charles Russell se découvre une passion pour calculer le jour de la fin du monde à partir des textes bibliques. En 1878, il fonde son propre groupe religieux, les Témoins de Jéhovah. Ses calculs peaufinés, il annonce pour 1914 « la merveilleuse nouvelle de l’établissement tout proche sur terre de la cité idéale paradisiaque dont parle le prophète Isaïe et où il ne se fera plus aucun mal ». En fait de cité paradisiaque, c’est la Première Guerre mondiale qui éclate. Aucunement découragé, son successeur écrit en 1920 : « Des millions d’hommes, actuellement vivants ne mourront pas. » Depuis, les Témoins sont devenus assez flous sur la date de la fin du monde.

Les protestants américains ont bien rigolé devant l’humiliation publique de Miller et, pendant les décennies qui suivent, vont claquer leurs portes aux Témoins de Jéhovah qui, Bible en main, se présentent chez eux.

Extrait de L’Aventure chrétienne