Un article de Mathieu Bock-Côté – 26 mars 2013

La Presse consacre un papier aux enfants des immigrants clandestins, qui sont évidemment ici de manière illégale, et qui subissent évidemment les conséquences de leur clandestinité. Évidemment, le sujet est crève-cœur et doit être traité avec finesse. Mais il est assez fascinant de voir comment, dans ce papier, on cherche à noyer la question de l’immigration illégale et des enjeux politiques, légaux et sociaux qu’elle soulève dans la seule perspective humanitaire. Ce qu’on nous explique, c’est que la famille a réclamé le statut de réfugié et qu’elle ne l’a pas obtenu. À moins que l’on condamne notre système politique et les décisions qui s’en réclament, cela veut donc dire que les demandeurs du statut de réfugié ne sont plus ici légalement. Cela veut donc dire qu’ils doivent quitter. Mais le papier cherche à nous faire comprendre que cette décision est absolument injuste et que malgré elle, la famille devrait avoir les droits qu’elle aurait obtenus si la décision avait été autre, d’autant plus qu’elle travaillerait fort à son intégration. Cela rajoute évidemment au caractère odieux de la situation qu’elle subit, apparemment.

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Les idéologues du sans-frontiérisme nous diront que cette décision est «inhumaine», qu’elle manque de cœur, qu’elle est contraire à nos propres valeurs. Il ne faut tout simplement pas se laisser intimider par une telle rhétorique. Car depuis quand le respect de nos institutions, des décisions qui sont prises en leur nom n’est plus conforme aux valeurs démocratiques? Je ne doute pas, évidemment, de la douleur de ceux qui sont invités à quitter une société où ils n’ont pas passé le test d’entrée. Mais à moins de soutenir que la citoyenneté n’a aucune valeur et qu’on doit la distribuer sans conditions, en se basant sur la seule bonne foi de ceux qui la demandent, il faut distinguer finalement entre les immigrants légaux, les réfugiés admis, et les gens qui sont ici en situation irrégulière et qui ont décidé de vivre dans la clandestinité plutôt que de respecter nos lois. D’ailleurs, n’est-ce pas insultant pour les immigrants légaux qui ont suivi les règles d’admission au Canada que d’en appeler à reconnaître des droits équivalents à ceux qui n’ont pas respecté ou ne respectent pas les exigences de la légalité?