By Tara McKelvey, BBC News Magazine

Le Kiosque a publié La folle histoire de la folie

Extrait

En 1987, le Prozac fait son apparition et cause une petite révolution. Il est utilisé pour traiter l’anxiété, la dépression, la boulimie, l’obsession, la panique, etc.

Le Prozac a un autre effet bénéfique: il aide à rendre les problèmes psychiatriques acceptables aux yeux du public. Le «fou» qui faisait peur est remplacé par le gars ordinaire qui souffre de stress et que la médecine peut aider. La dépression et les autres désordres mentaux ne sont que ça, des désordres mentaux qu’on peut traiter et non des failles de caractères.

Le coup mortel est donné par un néphrologue.

L’affaire Osherhof

Au début des années 80, Raphael Osherhof, 42 ans, un néphrologue, subit une profonde dépression à la suite d’une année difficile. Il devient agité et suicidaire. Incapable de dormir, perdant du poids, il abandonne sa pratique médicale. Il est hospitalisé au Chestnut Lodge à Rockville (Maryland), un hôpital spécialisé en thérapie analytique où il passe sept mois. On refuse de lui donner des médicaments et il doit suivre quatre sessions de psychothérapie par semaine. On veut qu’il régresse à l’enfance, moment où un traumatisme serait survenu, et construire à partir de là. Mais le traitement ne marche pas. À la fin de son séjour, il est encore agité, a perdu 40 livres et a toujours une insomnie sévère.

Désespérée, sa famille l’envoie à un autre hôpital, à Silver Hill. On lui donne des antidépresseurs et en quelques semaines, Osherhof est rétabli et peut retourner pratiquer la médecine. Mais pour lui avoir fait perdre plusieurs mois de sa vie, Osherhof décide de poursuivre l’hôpital Chestnut Lodge … et gagne. Cette histoire devient une cause célèbre en psychiatrie. Le traitement de la dépression sévère par les médicaments est tellement connu qu’en privant Osherhof de ce traitement, l’hôpital a commis une faute professionnelle.

Edward Shorter dans A History of Psychiatry, n’hésite pas à écrire “By the 1990s a majority of psychiatrists considered psychoanalysis scientifically bankrupt”