Alain Dubuc, La Presse

Le régime de construction monstrueux dont le Québec s’est doté, un régime unique en Amérique du Nord, centralisé, bureaucratique, étouffant, qui incarne ce qu’il y a de pire dans le modèle québécois.


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La lourdeur de ce régime a favorisé les dérives éthiques tant syndicales que patronales, et il crée le genre de situation que l’on vit présentement, où ce monde dysfonctionnel a la capacité de prendre l’économie québécoise en otage.

La première caractéristique spécifique au modèle québécois de la construction, c’est que l’industrie est encadrée par une loi, la loi R-20. Dans les autres provinces, la construction, en raison de ses spécificités, est aussi soumise à des régimes particuliers. Mais jamais dans les moindres détails comme au Québec, où l’on aime le mur-à-mur.

Deuxième caractéristique: c’est un organisme de type public, la Commission de la construction du Québec, la CCQ, où siègent des représentants patronaux et syndicaux, qui s’occupe d’à peu près tout: les avantages sociaux, l’application des conventions collectives, de la gestion de la main-d’oeuvre, les compétences et de la formation.

Troisième caractéristique: tous les ouvriers de la construction, pour avoir le droit de travailler, doivent obligatoirement être membres d’un des cinq groupes syndicaux accrédités.

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Par exemple, au Québec, il y a 26 métiers mutuellement exclusifs où une accréditation est indispensable pour qui veut travailler sur un chantier. En Ontario, il n’y a que 10 métiers pour lesquels une accréditation est obligatoire. Pourquoi?

On peut imaginer la complexité de l’organisation du travail, les délais, la multiplication des sous-traitants surspécialisés, quand un peintre ne peut pas plâtrer, et vice-versa, ou quand un poseur de carreaux ne peut pas poser un tapis. Et ajoutez le fait qu’en plus de 26 métiers, le Québec est divisé en 15 régions entre lesquelles la mobilité est limitée.