Le blogue de Mathieu Bock-Côté

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C’est un peu ce qui est arrivé ces dernières années. Ainsi, le nouveau programme d’histoire au secondaire mis de l’avant en 2006 consistait à raconter l’histoire de la «modernité» au Québec, et non plus l’histoire du peuple québécois dans ce qu’il a de singulier. L’histoire n’entendait plus pénétrer et expliciter le particularisme historique québécois, mais bien le relativiser pour amener les Québécois à se déprendre de puissantes légendes qui les auraient entretenus dans le fantasme de leur singularité. C’était un étrange renversement : on a traditionnellement dit que l’histoire faisait les peuples. Maintenant, elle devait les défaire.

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Je donne néanmoins en exemple la référence à la Nouvelle-France. Qu’en sait-on vraiment? Ne s’agit-il pas de la part la plus fuyante de notre passé? Sans le dire ainsi, Bédard nous rappelle qu’il y a là une histoire héroïque, vers laquelle on peut se tourner sans gêne. J’ai lu ces chapitres avec fascinations. Nous avons quand même fait lever un pays de terre. Et malgré la conquête, malgré la survivance, et surtout malgré la reconquête inachevée, nous existons encore. Il n’est pas nécessaire de se situer au cœur de l’histoire universelle et ses capitales connues de par le monde pour s’intéresser à l’histoire de sa patrie.

Combien de fois mes étudiants, au fil des ans, m’ont-ils demandé une grande introduction à l’histoire du Québec. C’est normal. Ils arrivent à l’université et n’en connaissent pas grand-chose. Et je devais leur bricoler un programme de lecture un peu bigarré pour qu’ils puissent traverser cette histoire sans se perdre dans les querelles départementales. Nous disposons désormais d’un excellent livre, tout simple et bien fait, qui permet de mieux comprendre notre histoire. D’un ouvrage à l’autre, Éric Bédard s’impose à la manière de l’historien qui manquait au Québec.