Robert Bisaillon, ex-sous-ministre-adjoint à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire et secondaire

L’homme-clé derrière la réforme et grand ébéniste de la langue de bois.
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Et qui était ministre de l’Éducation à l’époque?

Le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard – PHOTO ARCHIVES

 

L’histoire à la sauce nationaliste

Catherine DelisleLe Quotidien

Quel baragouinage!

Dans le résumé du programme du primaire, on ne dévoile pas les grands thèmes qui seront abordés dans l’étude de la géographie, de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté. Non! On découvre le grand langage des compétences. Dans ce charabia incompréhensible, même les parents les plus intéressés par la chose scolaire peinent à s’y retrouver.

Au secondaire, on ne réussit pas davantage à se débarrasser de ce jargon indigeste de compétences. Voici un exemple. On peut lire que, «de la 1re à la 4e secondaire, le cours se nomme histoire et éducation à la citoyenneté, que les élèves développent trois compétences: A) interroger des réalités sociales dans une perspective historique; B) interpréter les réalités sociales à l’aide de la méthode historique; et C) construire sa conscience citoyenne à l’aide de l’histoire. C’est quoi tout ce verbiage?

Sommes-nous des nouilles?

La chose la plus élémentaire serait de commencer par écrire un syllabus qui fasse abstraction de termes didactiques indécodables pour le non-initié. Parce qu’à lire cet exposé verbeux, compréhensible seulement des fonctionnaires, les parents doivent avoir la nette impression d’être de véritables tarlais. Ce n’est qu’après avoir baigné dans cette eau trouble qu’on finit enfin par décrypter qu’en secondaire III, les élèves étudieront les périodes importantes de l’histoire du Québec et du Canada. Ouf! Il était temps qu’on y arrive.

En quatrième secondaire, ils reverront les mêmes contenus, mais servis dans une autre sauce: les thématiques. À la dernière année du secondaire, le cours portant sur le Monde contemporain les amènera à saisir la complexité du monde actuel, à s’ouvrir à la diversité des sociétés et à développer leur sens critique. Ils sont invités à prendre position sur des enjeux tels que l’environnement, la population, le pouvoir, la richesse, les tensions et conflits. S’agit-il encore de cours d’histoire?

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Et si la ministre Malavoy commençait par le commencement: faire le grand ménage dans le programme d’étude au primaire et au secondaire. Ça doit bien exister des historiens qui accepteraient de réévaluer les cours en insistant sur les faits tels qu’ils se sont produits, sans imposer leur vision nationaliste ou fédéraliste. Tant qu’à y être, qu’on nous débarrasse enfin du sacro-saint jargon des fonctionnaires et qu’on aille directement au but: les cours d’histoire.

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Le Kiosque a publié:

La réforme scolaire: né pour un petit bulletin

Extrait:

À la fin des années 80, les Québécois sont scandalisés par le taux effarant de jeunes, particulièrement les pauvres, qui ne finissent pas leur secondaire. Même le ministère de l’Éducation finit par trouver que c’est inacceptable. La population, profs en tête, exige aussi que l’école arrête de s’éparpiller un peu partout et se concentre sur les matières de base. Le Parti Québécois est entièrement d’accord; il promet de « recentrer l’école autour des matières de base, consacrer plus de temps au français, à l’histoire et aux sciences ». Il est élu en 1994.

Un petit groupe d’idéologues est inquiet de ce recentrage. Selon Éric Bédard, «on retrouve ces gens au ministère de l’Éducation dans tout le secteur du conseil pédagogique, dans les facultés de sciences de l’éducation; ce sont eux aussi qu’on nomme depuis quarante ans au Conseil supérieur de l’éducation» (CSE), un organisme puissant, payé par nos taxes et dominé par des spécialistes en théorie de l’éducation.

Tous ces idéologues, qui s’inspirent du marxisme ou du catholicisme de gauche, comme l’explique Éric Bédard (VOIR NOTE EN BAS DE PAGE 1- idéologues), jonglent depuis des années avec un but enlevant : «engager l’État dans une réforme globale de l’éducation et de ses fondements philosophiques.» Bref, «une réforme exhaustive et fondamentale» (Julien Prudhomme).

Rien de moins.

Ces idéologues sont profondément déçus de Jean Garon, le nouveau ministre de l’éducation, un pragmatique. Alors que  «le Conseil voulait piloter sa propre consultation en la fondant d’emblée sur des  idées comme l’approche par compétences»(Julien Prudhomme), Garon court-circuite le Conseil en annonçant que le ministère va consulter non pas les théoriciens, mais la population. Il met sur pied en 1995 une Commission des états généraux. Non seulement Garon ne veut pas consulter les théoriciens, mais il ne veut pas les voir siéger à la Commission.

«C’est à cette fin  qu’il nomme, sciemment, une commission composée en majorité de non-spécialistes (étudiants, gens d’affaires, représentants du monde culturel ou coopératif.» (Julien Prudhomme)

Malheureusement, on impose à Jean Garon (les auteurs ne précisent pas comment) comme coprésident de la Commission des états généraux le président du Conseil de l’éducation, Robert Bisaillon, licencié en théologie, un ancien dirigeant de la Centrale de l’enseignement du Québec (aujourd’hui CSQ) que Gary Caldwell qualifie de “technocrate endurci”(…)