Éric Grenier, Jobbboom

Michel Arsenault ne peut plus demeurer en poste. S’il avait à cœur l’avenir de son organisation et plus largement celui de tout le mouvement syndical, le président de la FTQ démissionnerait. À plus forte raison que le renouvellement de sa présidence vient bientôt à échéance de toute façon. Bref, tant qu’à faire…

Pour une fraction des allégations qui visent le chef syndical, on a rapatrié André Boisclair à la maison. On l’a démissionné. Certes, le désormais ex-délégué général du Québec à New York s’est fait prendre en flagrant délit de subventions à un ami proche, lors de son temps de ministre. En pleine campagne électorale.

Grand Dieu! Protégez-nous! Des politiciens qui versent des subventions. En campagne électorale…
Je n’ai pas été un grand fan de la nomination de Boisclair à la Délégation du Québec dans la Grosse Pomme. Pas plus que celle de Nicolas Girard à la tête de l’Agence métropolitaine de transport. Preuve par deux que le Parti québécois n’a rien compris de l’humeur politique du temps présent; genre un besoin d’une grande aération de la maison pour se débarrasser du truc nauséabond imprégné dans le tapis par des décennies d’absence d’hygiène morale. Or, ces deux nominations participaient de la même politique malodorante et malpropre.

Reste que les reproches à l’endroit de Boisclair, s’ils étaient dignes de son retrait des affaires, ne sont rien en comparaison de ce que ce qui se dit au sujet de la FTQ, et pas seulement depuis les derniers jours à la Commission Charbonneau. Les enquêtes journalistiques à son égard des dernières années sont à la source même de cette commission, à laquelle la FTQ passe un sale quart d’heure. Et pourtant, depuis toujours, les dirigeants de la centrale cultivent le déni.

Fallait lire les propos du parrain d’Arseneault, Henri Massé, au sujet des accusations criminelles qui pèsent contre l’ancien DG de la FTQ-Construction, émis la semaine dernière. Jocelyn Dupuis n’est pas un criminel, c’est Candide au pays des marteaux et de la scie ronde! Pour peu, il nous le présenterait comme un prisonnier politique. C’est, en tout cas, le prochain pas à franchir pour la haute direction de la FTQ, si le sympathique personnage était reconnu coupable.

Remarquez, c’est une habitude à la FTQ de faire dans l’enflure historique quand certains de ses camarades se retrouvent devant la justice. Souvenons-nous de Jean Lapierre, l’ancien président des cols bleus de la Ville de Montréal. À sa sortie de prison en 2001 pour avoir participé au saccage de l’hôtel de ville en 1993, Massé l’avait bel et bien qualifié de «prisonnier politique». Ça ne s’invente pas.

«Cet exercice nous porte à conclure qu’on a voulu servir un exemple pour tenter d’éteindre (…) le militantisme syndical à un moment où le ras-le-bol s’exprime contre les coupures dans les services publics, contre un appauvrissement accentué de la population, contre les profits faramineux et non répartis des banquiers et de la grande entreprise…»

Or, pour ces actes, Lapierre et son fidèle bras gauche, Denis Maynard, avaient été reconnus coupables à deux reprises, par quatre juges, de complot en vue de commettre une introduction par effraction à l’hôtel de ville de Montréal dans un dessein criminel, et de participation à une émeute.

Bref, la culture du dénie court depuis trop longtemps dans cette importante institution, et dont, Michel Arsenault, n’est que le porteur de cette tradition digne de Las Vegas (Ce qui se passe à la FTQ, reste à la FTQ).