Par Louis Cornellier, Le Devoir


Photo : Wikicommons
Bataille de Saint-Eustache, 14 décembre 1837, lors de la rébellion des Patriotes. Encre et aquarelle sur papier, lithographie, 1840.

Vision dominante de dominés

Or, quelle est la conscience historique dominante des jeunes Québécois ? Pour le savoir, Létourneau et son équipe, de 2003 à 2013, ont demandé à plus de 4000 jeunes Québécois, francophones et anglophones, fréquentant le réseau scolaire d’ici, depuis la 4e secondaire jusqu’à l’université, de répondre à la question suivante : « Si vous aviez à résumer, en une phrase ou une formule, l’aventure historique québécoise, qu’écririez-vous personnellement ? »

Cette vision malheureuse, partagée par 40 à 50 % des élèves, résume le parcours québécois à une suite de périls, d’épreuves, de défaites et à une volonté, entravée par les Anglais, d’atteindre l’autonomie. C’est l’histoire racontée par Maurice Séguin, par Éric Bédard ou par Pierre Falardeau, disons.

En se basant sur d’autres études réalisées auprès d’adultes québécois, Létourneau montre que cette vision est la plus répandue dans toute la population, sauf chez les anglophones qui, s’ils ont aussi une vision souvent malheureuse de l’histoire du Québec, ne se voient évidemment pas comme les responsables de ce parcours peu réjouissant. Cela résume, en gros, les résultats de cette fascinante étude, qui mérite des applaudissements.