Dans L’Actualité

Le Dr Alain Vadeboncœur salue le travail de réflexion de Québec solidaire autour de l’utilisation et de l’implantation des CLSC comme lieu d’accès pour des soins de première ligne. Mais qu’en est-il de la faisabilité d’un tel projet ?

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Peu de modèles à l’étranger

Un médecin de ma connaissance vantait l’autre soir la mémoire des dispensaires publics de santé en France, soulignant les excellents services qu’ils offraient et me disant que nous ne sommes pas les seuls à avoir misé sur une telle idée.

Le problème, c’est que ces dispensaires ont aussi connu une courbe descendante et ne contribueraient que pour environ 1 % de l’offre en soins de première ligne médicale.

Je ne connais d’ailleurs pas de pays de l’OCDE qui base sa première ligne sur une offre de soins publique. Nous avons donc peut-être inventé un modèle avant-gardiste et envié partout, mais il n’a pas eu d’équivalent et, surtout, il n’a pas rempli ses promesses.

Comment réussir à renverser le mouvement qui s’oriente depuis fort longtemps, comme d’ailleurs à peu près partout en Occident, vers des soins autour d’entités privées contrôlées par les médecins ? Actuellement, on incite même (par des primes) les CLSC à devenir des GMF, ce qui est absurde, dans la mesure où le CLSC devait justement être le modèle d’intégration des soins et des services. C’est le monde à l’envers.

Des doutes quant à la faisabilité

Il faut imaginer la complexité du travail requis pour aboutir au très haut niveau d’intégration des services décrits dans le texte de QS. La coordination des services est le plus grand défi du système de santé, mais ce n’est sûrement pas sa force actuelle.

Sans vouloir être fataliste, j’ai donc un peu de difficulté à imaginer qu’on puisse passer à un niveau supérieur d’intégration. Construire une première ligne avec plusieurs types de professionnels, lieux et modalités de soins est encore plus ardu dans la situation actuelle de pénurie d’infirmières.

Reste que ces idées intéressantes nous démontrent que des solutions basées sur les établissements publics peuvent être imaginées. Mais il apparaît évident, vu les tendances actuelles opposées — qui ciblent plutôt les GMF, voire les supercliniques du PLQ— qu’aucun parti susceptible de prendre le pouvoir ne reprendra à son compte l’approche de Québec solidaire.

Ainsi va la réalité, souvent loin de l’idéal, avec laquelle il faut toutefois composer.