Paul Yanic Laquerre (Conseiller en environnement)

Le Huffington Post

En avril 2013, le Centre pour le contrôle et la prévention de la maladie du Department of Health and Human Services des États-Unis publiait un rapport dans lequel il déclarait que le phénomène de l’antibiorésistance constitue l’une des menaces les plus sérieuses à la santé publique mondiale. (…)

Au Canada, où l’industrie suit sensiblement les mêmes pratiques qu’aux États-Unis, le Québec est, en vertu de la Loi sur les médecins vétérinaires, la seule province où les antibiotiques doivent être administrés sur ordonnance médicale. Santé Canada a par ailleurs mis sur pied le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA) et doit en théorie soumettre à moyen terme une proposition pour le contrôle des antibiotiques, mais les organismes de santé provinciaux ignorent actuellement tout de la teneur des orientations du comité de travail.

À ce stade, même une interdiction de l’utilisation d’antibiotiques à des fins non thérapeutiques comme en Europe ne suffit pas. Dans le meilleur des mondes, les gouvernements canadiens et américains coordonneraient leurs efforts pour présenter un plan d’action général, inspiré notamment des recommandations de 2008 de la Pew Commission on Industrial Farm Animal Production. Ce plan consisterait à resserrer le contrôle médical sur la prescription d’antibiotiques dans l’élevage industriel et à en améliorer la traçabilité, notamment par l’instauration de registres des médicaments vendus par les compagnies pharmaceutiques et de répertoires gouvernementaux sur les antibiotiques insérés dans la nourriture et l’eau fournie aux animaux. Il assurerait également le suivi des maladies ayant frappé chaque animal destiné à la consommation humaine. Surtout, il remettrait en cause le système du confinement intensif des animaux, une aberration éthique et environnementale qui demeure la raison fondamentale de l’utilisation des antibiotiques à fin préventive. On peut toujours rêver…