Le journalisme d’enquête en perte de vitesse: un mauvais calcul médiatique?
Helene Roulot-Ganzmann, Observatoire du journalisme
Pourtant les médias d’investigation en France se portent bien. Mediapart et le Canard Enchaîné, les références du genre dans l’Hexagone, font tous deux des bénéfices, et ce sans héberger la moindre publicité. Bien que les ventes du «Canard» aient reculé en 2012, le journal a tout de même enregistré des profits de 2,9 millions d’euros (4,4 millions de dollars). Quant à Mediapart, son rédacteur en chef annonçait en novembre dernier que le site internet payant devrait enregistrer un bénéfice net de 1 million d’euros (1,5 millions de dollars). (…)
Au Québec, la situation semble différente. Le divorce entre l’enquête et les grands médias n’est pas consommé. Radio-Canada, très actif dans ce type de journalisme, constitue l’exemple le plus évident. Plusieurs émissions phares comme Enquête et La Facture sont de véritables porte-voix de l’enquête.
Bien que certains médias semblent avoir redécouvert cet aspect des choses selon Karina Marceau, une question se pose: Ont-ils sous-estimé la soif de vérité de la population? «Oui, absolument, lance-t-elle. Les citoyens en ont marre de se faire rouler dans la farine […] et ils apprécient le fait que le cinquième pouvoir travaille pour eux. […] C’est non négligeable dans le portrait général», soutient-elle.
Mauvais calcul?
Le journalisme d’investigation possède bien un public. Au Québec, comme en France, on constate que les grandes enquêtes continuent d’intéresser, voire de passionner.