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USA TODAY

As states eliminate services for the mentally ill, many fall through the cracks, landing in emergency rooms, jails, city streets or the morgue.

States cut $5 billion from mental health services from 2009 to 2012, along with 10% of psychiatric hospital beds.

40% of people with severe mental illness, such as schizophrenia, received no treatment in the past year.

 

‘There is no other area of medicine where the government is the source of the stigma.

 

If I have diabetes, there is no stigma to that. But if my brain doesn’t work, why am I supposed to be ashamed of that?

 

‘If someone had listened to me the way that psychiatrist listened to me in jail. I think maybe my illness wouldn’t have gotten that far.’

 

‘Where we are at is where the cancer community and HIV community were 25 years ago.’

 

Every parent I know has to fight for treatment for their child.’

 

 

Le Kiosque Médias a publié

La folle histoire de la folie

(extrait)

L’antipsychiatrie: finies les folies

Tout le climat des années 60 est hostile à l’autorité. C’est l’époque de la contre-culture et des protestations étudiantes contre la guerre au Vietnam. Au Québec c’est la Révolution tranquille.

Les fous crient au secours

Jean-Charles Pagé aurait pu se taire pour qu’on oublie qu’il sort de l’ «asile des fous». Il préfère devenir le porte-parole des « hommes sans voix ». En 1961, J.-Charles Pagé, 28 ans, ex-patient de l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu, publie Les fous crient au secours! Postfacé par le Dr Camille Laurin, l’ouvrage va marquer l’histoire de la psychiatrie québécoise.

Dès sa sortie, 40 000 exemplaires sont vendus.

Pendant la décennie 1950, le nombre de psychiatres au Québec est passé de 15 à 170; tous veulent des changements majeurs.

Un mois plus tard, le gouvernement Lesage met sur pied la Commission Bédard chargée d’enquêter sur les hôpitaux psychiatriques. Son rapport, déposé le  9 mars 1962, recommande entre autre la désinstitutionnalisation, « convaincue que des centaines de malades continuent d’habiter nos hôpitaux mentaux, alors que leur état mental ne requiert pas l’hospitalisation.»

La même année, le sociologue américain Ervin Goffman va beaucoup plus loin dans son livre Asylum, basé sur ses observations d’un grand hôpital psychiatrique. Il décrit l’environnement des hôpitaux psychiatriques comme des prisons ou des camps de concentration, «créant autant de symptômes qu’il en soigne».

Au début des années 1960, des psychiatres comme Ronald Laing et David Cooper en Angleterre, Franco Basaglia en Italie, Thomas Szasz aux États-Unis et Michel Foucault en France déclarent que la maladie mentale n’est qu’une simple étiquette. La folie a sa propre vérité et, en des circonstances favorables, la folie psychotique peut être un processus qui mène vers la guérison. En tous les cas, elle ne doit pas être supprimée par des médicaments.

Encore moins par des électrochocs qui endommageraient le cerveau, seraient inutiles pour traiter la maladie mentale et trop fréquemment utilisés comme forme de discipline. En réalité, les électrochocs n’endommagent pas le cerveau et sont efficaces pour traiter certaines formes de dépression. Mais les hôpitaux psychiatriques s’en servent si couramment, que dans son roman, “Vol au-dessus d’un nid de coucou” (1962) , Ken Kesey, parle de “Shock Shop” pour les désigner.

 

Une réponse à la société

Le plus charismatique est Ronald Laing, un psychiatre écossais. Pour lui, la folie est un voyage intérieur, seul moyen de fuir l’aliénation provoquée par la société et la famille. Laing croit d’ailleurs que la schizophrénie prend naissance dans la relation mère-enfant. Il crée une communauté anti-psychiatrique à Kingsley Hall, un quartier ouvrier de Londres, où patients et psychiatres vivent sous le même toit. Les intellectuels sont enthousiastes. Ils aiment l’idée que le fou est un simple «original» dont les troubles se manifestent en réponse à l’oppression de l’idéologie dominante, censée représenter la «normale».

David Scheff, un sociologue, proclame que le diagnostic de la schizophrénie n’est qu’une façon de punir la déviance.
Avec d’autres, il se demande: s’il n’y a pas de maladies mentales, pourquoi les asiles, pourquoi les psychiatres? Selon des auteurs, la psychiatrie n’est qu’un banal instrument de contrôle social fondé sur la coercition et paré des plumes de la science médicale.

Le prolixe Thomas Szasz, dont les titres de livres sont tout un programme “Le Mythe de la maladie mentale” (1960), “Fabriquer la folie” (1971), va jusqu’à dire que la psychiatrie  continue l’Inquisition médiévale par des moyens modernes. La médecine a remplacé la théologie, le psychiatre a pris la place de l’inquisiteur et les fous tiennent lieu des sorcières.

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Dans son livre The Fall of an Icon, Joel Paris, président du département de psychiatrie à McGill, relate les propos de Thomas Szasz lors d’un débat tenu à l’université.

“Les patients doivent être tenus complètement responsables de leurs problèmes et on ne doit leur offrir un traitement que lorsqu’ils sont libres de le choisir.”

Lorsque Paris lui demande ce qu’il ferait avec les patients qui ne peuvent pas payer pour une thérapie, Szasz répond que les gens qui souhaitent vraiment en avoir une, ont la responsabilité de gagner l’argent pour la payer.
“The Fall of an Icon”, p.83 Psychoanalysis and Academic Psychiatry, University of Toronto Press

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La culture populaire adopte et renforce ce courant anti-autoritaire. Le film Family Life (1971) de Ken Loach démontre le caractère coercitif de la famille et remporte un énorme succès. Le film de Milos Forman Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) montre l’horreur des électrochocs et de la lobotomie et la façon dont l’asile transforme la personnalité des patients. Ces auteurs et le public, réclament la fermeture des immenses hôpitaux psychiatriques.

En Italie, Franco Basaglia et ses collègues fondent la «Psichiatria Democratica» en 1974, une association qui milite pour un changement radical de la psychiatrie italienne. Quatre ans plus tard, ils réussissent à faire passer une une loi interdisant les nouvelles admissions en hôpital psychiatrique.

Le discours antipsychiatrique pur et dur disparaîtra à la fin des années 1980, démoli par la réalité. La tentative italienne est un fiasco. (…)