Daphnée Dion-Viens

Journal de Montréal

La réforme scolaire au secondaire est un échec, selon une vaste étude commandée par le ministère de l’Éducation. Loin d’atteindre ses objectifs, le renouveau pédagogique a même fait plus de tort que de bien chez les garçons et les élèves à risque, concluent les chercheurs. Le constat est implacable.

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Comment en est-on venu là? Comment le Québec s’est-il retrouvé avec une réforme pédagogique dont personne ne voulait sauf un petit groupe d’idéologues?

C’est une histoire incroyable. Ce petit groupe d’idéologues d’une suffisance qui force l’admiration, avait décidé de faire ce qui n’avait été fait nulle part sur la planète: repenser l’éducation de A à Z. Ils ont regardé, un peu, comment on enseignait depuis plusieurs siècles en Europe, en Asie, en Amérique et ils ont conclu qu’ils pouvaient  faire beaucoup mieux et beaucoup plus vite. Évidemment, ils n’ont consulté personne et, n’ayant jamais enseigné ni au primaire ni au secondaire, leurs théories ont pu s’épanouir à l’abri de la vraie vie des classes.

Le Kiosque a publié il y a quelques années: 

La réforme scolaire: né pour un petit bulletin

Extrait

À la fin des années 80, les Québécois sont scandalisés par le taux effarant de jeunes, particulièrement les pauvres, qui ne finissent pas leur secondaire. Même le ministère de l’Éducation finit par trouver que c’est inacceptable. La population, profs en tête, exige aussi que l’école arrête de s’éparpiller un peu partout et se concentre sur les matières de base. Le Parti Québécois est entièrement d’accord; il promet de « recentrer l’école autour des matières de base, consacrer plus de temps au français, à l’histoire et aux sciences ». Il est élu en 1994.

Un petit groupe d’idéologues est inquiet de ce recentrage. Selon Éric Bédard, «on retrouve ces gens au ministère de l’Éducation dans tout le secteur du conseil pédagogique, dans les facultés de sciences de l’éducation; ce sont eux aussi qu’on nomme depuis quarante ans au Conseil supérieur de l’éducation» (CSE), un organisme puissant, payé par nos taxes et dominé par des spécialistes en théorie de l’éducation.

Tous ces idéologues, qui s’inspirent du marxisme ou du catholicisme de gauche, comme l’explique Éric Bédard, jonglent depuis des années avec un but enlevant : «engager l’État dans une réforme globale de l’éducation et de ses fondements philosophiques.» Bref, «une réforme exhaustive et fondamentale» (Julien Prudhomme).

Rien de moins.