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Mathieu Bock-Côté

Journal de Montréal

(…) Il faut connaître les techniques permettant de prendre le contrôle d’une assemblée pour voir à quel point la démocratie étudiante est illusoire. Imaginons une assemblée portant sur une grève. Elle se tient dans un lieu pouvant physiquement accueillir quelques centaines de personnes, même si les étudiants de l’institution se comptent par milliers. Les présents détiendront un immense pouvoir sur les absents, qui n’ont pas que de mauvaises raisons de l’être.

À l’intérieur de ces assemblées, une idéologie est généralement favorisée par une aristocratie militante qui se voit comme un corps d’élite au service de la lutte sociale. Cette idéologie, c’est celle de la gauche radicale. Dans le cas présent, celle qui pousse à la grève. Elle ne s’oppose pas seulement à l’austérité: elle détourne cette lutte pour jouer à la révolution. Elle recherche l’affrontement social pour lui-même et fait souvent preuve d’un vrai fanatisme.

Rares sont ceux qui s’aventureront au micro pour s’opposer aux autorités étudiantes. Les adversaires de la grève savent bien qu’ils parleront dans un environnement hostile. S’ils ont quand même le courage de prendre la parole, on les insultera, on les huera. Sauf quelques téméraires, qui voudra subir un tel sort? Ceux qui s’y opposent sont accusés d’être des traîtres de droite, des capitalistes collabos.