Stéphane Baillargeon

Le Devoir

(…)« La dénazification concerne le travail à court terme dans l’immédiat après-guerre : il faut par exemple éliminer les noms de rues et les places Adolf Hitler, résume l’historien Martin Gagné, rare spécialiste québécois de cette période. L’Allemagne est un champ de ruine et l’aide des Alliés va favoriser la reconstruction tout en évitant une nouvelle radicalisation de la société. L’ambition plus large est de “ reciviliser ” l’Allemagne en la ramenant dans la tradition occidentale démocratique et humaniste. »

(…) Le germanophile Martin Gagné a défendu en 2013 à l’Université de Montréal un mémoire intitulé « Tu ne tueras plus ! », sur ce processus de « recivilisation » de la société ouest-allemande entre 1945 et 1970. Étrangement, le sujet de cette renaissance n’intéresse pas beaucoup les historiens ou les médias, alors que la période nazie les obsède. (…) « Je ne suis pas un optimiste à la base, mais c’est troublant de penser à la fragilité de la morale, de la culture, de la civilisation, conclut l’historien Martin Gagné, maintenant commis de bibliothèque. L’idée de progrès s’en trouve ébranlée. En fait, nos sociétés progressent et régressent, et rien ne semble assuré pour jamais. Voilà ce qui est inquiétant. »

 

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