Alcoolisme-peut-on-craindre-un-scandale-baclofene“En fait, l’alcoolisme n’a jamais été considéré comme une “vraie” maladie, y compris par ceux qui en sont atteints. Et puis est arrivé le baclofène et tout a changé.”

À découvert, ils témoignent de la révolution baclofène, par Vanessa Boy-Landry du Paris Match

Anciens malades alcooliques, ils sont aujourd’hui délivrés de leur addiction grâce au baclofène. Militant pour la reconnaissance de ce traitement dans l’alcoolisme, les responsables de l’association Baclofène* signent aujourd’hui un ouvrage complet tant sur la maladie que sur ce traitement révolutionnaire. Plus qu’un livre, c’est un véritable document.  L’interview de la présidente, Sylvie Imbert.

Le Kiosque a publié:

Les Anonymes : petite histoire des groupes anonymes

Extrait

«Seul un alcoolique peut aider un alcoolique»

Bill explique à Bob qu’il a besoin de lui, qu’il a besoin de lui parler de sa vie d’alcoolique s’il veut rester sobre.

Ils vont parler pendant six heures, une longue discussion qui les bouleverse tous les deux. Smith a tout lu sur l’alcoolisme; aussi ce n’est pas ce que Bill lui dit qui l’impressionne mais le fait que c’est dit par un autre alcoolique. Smith devait écrire plus tard que Wilson était le premier être humain «qui parlait sa langue».

Bill et Bob, aux prises avec le même problème réalisent qu’il se passe «quelque chose» de bénéfique par le seul fait d’en discuter ensemble. Et l’un des deux est sobre à cause de cela.

Les chicanes des actionnaires de la National Rubber Machinery se poursuivant, Anne invite alors Bill à s’installer chez eux.

Tous les jours ils se parlent pendant des heures. Bob est sobre depuis leur première rencontre. Ce qui se passe alors entre eux, ce «quelque chose» est plus efficace pour arrêter de boire que les remontrances de son épouse, les pressions sociales, les humiliations en public etc. Aussi, pour entretenir ce «quelque chose», pour garder sa sobriété, la meilleure façon est de se voir, de se parler, puis, dès le lendemain, de se voir encore, de se parler encore. Prenant conscience de l’espèce de miracle provoqué par leur rencontre, les deux hommes ressentent le besoin de faire partager leur expérience à d’autres alcooliques encore «actifs» du groupe d’Oxford. Puis Bob décide de consulter sa femme et Bill.

Le congrès de l’American Medical Association se tient cette année à Atlantic City. Bob ne le rate jamais et revient toujours saoul. Devrait-il y aller? Sa femme pense que non; Bill est favorable.

Le docteur est saoul avant même d’arriver à Atlantic City.

Il revient dans un état totalement délabré; or, il doit opérer un patient trois jours plus tard. Après beaucoup de sommeil et des gallons de café, le docteur Smith semble prêt. Le 10 juin 1935, Bill l’amène à l’hôpital et, pour empêcher ses mains de trembler pendant l’opération, lui donne une bière. C’est le dernier verre de Bob Smith, et le jour de naissance officiel des Alcooliques Anonymes basée sur le principe d’un ivrogne qui en aide un autre.