Plus qu’un projet de langue internationale, l’Esperanto a presque su habiter un État aux 19 et 20ème siècles. À la frontière limitrophe de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas, un petit territoire, surnommé Amikejo, a failli obtenir le titre de seul pays «espérantiste» du globe.

C’est après Waterloo et la chute de Napoléon Bonaparte qu’est né le Moresnet-Neutre, après la redéfinition des frontières au Congrès de Vienne de 1815. Cette entité géographique, dont l’économie reposait principalement sur sa mine de Zinc, proposait à ses quelques habitants (un peu plus de 2500 en 1858) des impôts plus maigres et des salaires relativement plus élevés que dans les pays voisins. Au point de vue militaire, le Moresnet-Neutre ne pouvait être occupé par les armées voisines et n’avait pas non plus le droit de posséder ses propres forces militaires.

C’est sous l’impulsion du docteur Whillelm Molly, d’origine allemande, qu’est né le projet de voir le  Moresnet-Neutre devenir un État espérantiste portant le nom d’Amikejo, signifiant amitié dans la langue à caractère international. À l’occasion de son quatrième congrès, le mouvement espérantiste avait même choisi le Moresnet-Neutre comme centre international de l’Esperanto. Tout semblait avoir été développé pour obtenir le statut d’État indépendant, notamment un hymne national et un drapeau.

Les efforts de créer un État espérantiste se sont écroulés après la Première Guerre mondiale. Après la chute du Kaiser, le Traité de Versailles de 1919 a tranché; c’est la Belgique qui a hérité du territoire du Moresnet-Neutre, ancienne terre promise des Espérantistes.

Raphaël Bouvier-Auclair

Pour plus d’informations :

Moresnet-Neutre

Amikejo (Strange Maps)

Moresnet Neutre: Un état minuscule conçu sur une planche à dessin