Myriam Ségal (Le Quotidien)

Sans compter une bouffe à faire maigrir les plus gourmands. Il y a quelques années, l’hôpital de Jonquière était tout fier d’annoncer une technique de « remise en température par convection ». Autrement dit : on sert du réchauffé, y compris les rôties matinales. Un parent se plaint : elles sont souvent dures comme du bois. Mais il a peur que j’aille voir : si sa vieille mère se faisait babouner? Cette peur gangrène tous les services publics, de l’école aux CHSLD. Elle empêche de dénoncer et d’améliorer les choses. Elle oblige l’État à trouver tout seul ce qui cloche, à grossir ses tentacules.

L’image

Dans le système public, les gestionnaires sont notés sur les performances budgétaires et non humaines. En santé, moins on soigne, mieux vont les finances. Si un problème fait la manchette, il faut investir pour le régler, plomber le budget. Des rapports négatifs répétitifs donneraient l’air fou. Alors, mieux vaut ne pas enquêter trop souvent. Certains foyers de la région n’ont pas été inspectés depuis 2004! Dans un de ces rapports, un de nos CHSLD de 48 places compile 254 chutes de patients en un an! Mais cela date : problème corrigé?

Le souci de l’image ne sévit pas seulement dans la santé. Par exemple, la Commission scolaire de la ville de Jonquière n’a jamais voulu publier un bilan complet sur le test des chiens pisteurs contre la drogue dans ses écoles; la Sûreté du Québec reste discrète sur son essai de surveillance aérienne dans le parc.

La mini-ministre de la Santé s’est fait des échardes au palais toute une semaine avec sa langue de bois et ses formules toutes faites. Elle consent finalement à ce que les inspecteurs n’annoncent plus leurs visites. Pourquoi le faisaient-ils? Et pourquoi tant de réticences à annuler cette consigne absurde?