Jean-Benoît Nadeau

Je goûte chaque jour l’ironie suprême de ce « sommet anniversaire », qui coïncide avec le début des troubles étudiants de l’an dernier.
Comme un goût de vomi, en fait. Car j’ai l’impression écœurante d’observer une collision au ralenti. Le paquebot se dirigeant vers l’iceberg sous les applaudissements de l’équipage alors que la capitaine rit et les passagers écopent.

L’idée même de ce sommet est risible. Espère-t-on vraiment arriver à un consensus en 36 heures? Les protagonistes ne se parlent plus depuis trois ans. Les associations étudiantes avaient boycotté le précédent sommet. L’ASSÉ donne même l’exemple en boycottant le nouveau sommet organisé exprès pour elle.

(….)

Parlant de Nadeau-Dubois, j’ai vu de quel bois il se chauffait en novembre dernier au Congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Un bel échantillon de la « pensée » des leadeurs étudiants.

Pour l’essentiel, il expliquait à une salle de 300 journalistes comment il les a manipulés. C’est facile : il suffit de « créer l’évènement ». La recette est connue : on fait monter la pression jusqu’à l’émeute, on dit que c’est la faute des autres et on laisse la presse suivre ses réflexes pavloviens – « il y a un évènement, faut qu’on le couvre ».

Selon moi, la réflexion la plus étonnante de Nadeau-Dubois tournait autour du nom de son association. Il a en effet longuement insisté sur le fait qu’on doive dire CLASSE plutôt que CLASSÉ. Essentiellement une affaire de branding et qui consistait à imposer le nom de CLASSE qui faisait plus classe, contre la CLASSÉ, qui faisait moins classe et plus classé. Pendant les 40 minutes qu’il a parlé, Nadeau-Dubois a bien dû déblatérer sur ce point 5 à 10 minutes. Tout est dans le nom, c’est le cas de le dire.