729699Myriam Ségal, Le Quotidien

Réalité

J’ai un enfant au Ritalin. Je m’y suis résignée après quatre ans de scolarité à tenter toutes les techniques, à le voir se désespérer sur ses devoirs, à recevoir des plaintes de l’école, à le sentir décalé dans sa vie sociale, un peu rejet. Comme parent, on se morfond d’en arriver là.

Voir un pédopsychiatre, à moins d’une crise dramatique, oubliez ça! On passe un test vérifié par la psychologue scolaire, on voit un médecin généraliste qui, de son mieux, entre une bronchite et un ongle incarné, tente à tâtons de choisir dans les multiples molécules complexes dérivées du Ritalin. Idéalement, on devrait passer par un neuropsychologue (un an d’attente au public), puis un pédopsychiatre ou un généraliste un peu spécialisé.

Les économistes de Princeton pensent que le Ritalin n’est souvent pas prescrit de façon optimale, d’où son manque d’efficacité quand on regarde les données globales.

Je sais d’expérience que ces enfants ont besoin de bouger, malgré la pilule, qui est un stimulant et non un calmant, et qui les place dans un état réceptif pour s’organiser, apprendre à maîtriser leur impulsivité aux heures orageuses du matin et du soir. Le médicament, c’est le début du travail, pas la solution ultime.

Or, on a dénaturé les programmes de sports-études, pour les réserver à l’élite intellectuelle et sportive. Il faut revenir à leur but premier : motiver et permettre à l’être humain de tirer le meilleur de lui-même. Durant des années, mon fils a choisi l’option éducation physique au secondaire… On lui a imposé les arts plastiques, pour raisons syndicales!

Les chercheurs ont raison : le seul accès au médicament ne suffit pas, sans accès à des diagnostics sûrs et du soutien adéquat.