Myriam Ségal, Le Quotidien

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Le gouvernement conservateur coupe le budget de Radio-Canada: 312 emplois supprimés au réseau français. (…)

S’il faut émincer le service de l’information, ce doit être fait avec bienveillance, par un directeur qui aime son produit, pas par un grand boss qui se pavane à Ottawa et flagorne le parti au pouvoir. Mais j’aurais aimé un peu d’auto-critique, d’audace, d’ouverture à des changements de la part des vedettes radio-canadiennes, au lieu d’un péremptoire: «pas touche!». Par exemple, elles déplorent que l’on coupe des jeunes prometteurs qui maîtrisent les nouvelles technologies et modernisent la société d’État. Que ne proposent-elles pas que l’ancienneté cède parfois le pas à la compétence polyvalente?

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Car il manque des informations pour juger. Radio-Canada garde jalousement le secret sur ses contrats avec les producteurs privés, dont les revenus ne semblent jamais baisser. Impossible de savoir combien coûte le «Bye-bye», ou un téléroman, et combien cela rapporte. Impossible de connaître la facture associée aux Jeux olympiques. Peut-on faire à moins cher? Combien de personnel est déployé? Chacun est-il essentiel?

Si «Infoman» voyage moins, cette adorable émission caustique en souffre-t-elle vraiment? La société d’État invoque toujours le secret d’affaires, si bien qu’on ignore si la partie commerciale pourrait se serrer la ceinture et générer plus de revenus pour la section non rentable mais essentielle, l’information. Si le gouvernement conservateur veut vraiment rationaliser Radio-Canada, et non se livrer à une vendetta politique contre un «nid de souverainistes», il n’a qu’à en exiger une transparence totale.

Le syndicat prétend qu’on embauche plus de cadres pendant qu’on congédie des journalistes.

Le patron lui-même, qui gagne autour de 400 000$ par an, a dû rembourser 30 000$ de dépenses facturées en trop en cinq ans pour ses séjours à Ottawa. Jolie distraction, alors qu’il avait déjà 1500$ de prime par mois à son contrat pour cela. Pourquoi sa prime est-elle trois fois supérieure aux dépenses réelles encourues?

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La société d’État a risqué une émission comme «Les chefs», remplissant le vacuum télévisuel de l’été, et provoquant une mode. Elle programme un audacieux téléroman quotidien. Chapeau! Son «Club des ex» a inspiré TVA. L’univers glauque d’«Unité 9» n’aurait jamais convaincu un diffuseur privé. Radio-Canada doit oser et informer. Maigrir, probablement, mais pas à coups de hache aveugle et imbécile.