Les allergiques imaginaires ou le droit à la différence
À New-York, on claironne son identité alimentaire et ses pseudos intolérances. Au mépris de la plus élémentaire des politesses.
Par Cécile David-Weill
Le casse-tête des menus !
D’où le fait que la question des spécificités alimentaires figure désormais dans la plupart des mails d’invitation à dîner. Il faut bien s’organiser. D’autant qu’il est devenu concrètement impossible, quand on reçoit, de prévoir un menu fédérateur. À moins de s’adonner au préalable à un véritable casse-tête. Un plat de pâtes ? Impossible, si elles ne sont pas sans gluten. Même avec une bonne sauce tomate ? Ce serait compter sans ceux que la tomate indispose, c’est-à-dire ceux qui ont des problèmes de reflux gastrique ou d’érosion de l’émail des dents. Pas de bolognaise non plus, véritable offense aux végétariens. Et inutile de songer aux pâtes à la carbonara, qui constituent un crime de lèse-majesté pour les végétaliens, les allergiques aux oeufs, ceux qui ne mangent pas de porc, comme pour ceux qui ont exclu les produits laitiers de leur alimentation.
Un choix décidément trop risqué, surtout si l’on songe au nombre de personnes qui sont au régime sans hydrates de carbone. Exit aussi la tomate mozzarella, pour les mêmes raisons, et bien sûr les crevettes à l’avocat, car les allergiques au poisson et aux fruits de mer sont légion. Une soupe de légumes, alors ? Oui, à condition qu’elle soit sans beurre et sans crème. Et après, impossible d’envisager un gigot ou un rôti de boeuf.