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Clermont Gauthier est professeur au département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval. Il est très critique envers la dernière réforme. Selon lui, les modifications au système éducatif québécois ne se seraient pas suffisamment appuyées sur des données scientifiques probantes. Il entrevoit cependant un changement de pratiques dans les salles de classe.

Propos recueillis par Sarah Poulin-Chartrand

« Il y a beaucoup de « vendeurs de tapis » en éducation, et la façon de se protéger de ces vendeurs-là, ou des modes qui vont disparaître, c’est d’essayer de savoir si ce qu’on nous propose est basé sur des recherches. » 

Je n’ai rien contre l’innovation, mais elle doit être appuyée sur des données. Des gens disent: « oui, on a essayé telle méthode et ça fonctionne! » À petite échelle, amusez-vous, mais ce n’est pas suffisant quand on réfléchit pour l’ensemble d’un système. À mon avis, la réforme a été mise de l’avant par des apprentis sorciers et ça a été une grande erreur. S’ils avaient consulté les travaux de recherche, ils n’auraient jamais fait ça. 

Planète F: Vous vous intéressez également, dans vos thèmes de recherche, à la formation des enseignants. À votre avis, les enseignants sont-ils bien outillés pour faire face à l’école de 2014?

Clermont Gauthier : Sur le plan de l’enseignement explicite, ils sont mal outillés, parce qu’on n’en parle pas dans les facultés d’éducation. Celles-ci sont encore dans un discours constructiviste, très proche de la réforme. Par contre, les facultés ont mis en place des formations plus étayées sur la gestion de la classe, et on sait que la gestion de la classe, du comportement des élèves, est une des variables les plus importantes qu’on doit contrôler.  Parce qu’on ne s’en cachera pas, les classes ne sont pas toutes faciles, tout n’est pas rose. Il y a beaucoup de problèmes de comportement. Les facultés d’éducation ont fait un bout de chemin, mais elles pourraient en faire plus à ce niveau-là.