L’enfer du système de santé
Le psychiatre Yves Lamontagne
Éditions carte Blanche
Extraits du livre (une cinquantaine de pages cinglantes) et d’entrevues données par l’auteur.
«Au Québec, il y a 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé pour 8 millions d’habitants, alors qu’en Suède, il y en a 36 460 pour 9,4 millions d’habitants. Pourtant, ça fonctionne très bien en Suède.»
«le gars qui pèle les patates n’a pas le droit présentement de donner un coup de main à la vaisselle. »
«J’ai en tête l’histoire d’une amie dont le fils s’est fendu l’arcade sourcilière en recevant un bâton de hockey dans le visage pendant une fin de semaine. Elle s’est rendu à quatre cliniques sur la Rive-Sud, qui lui ont toutes dit qu’il n’y aurait pas de médecin avant lundi matin. Après six heures d’attente à l’urgence, son fils est ressorti avec cinq points de suture, ce qui aurait pu être fait dans n’importe quelle clinique. Vous ne pensez pas que les cliniques pourraient s’entendre pour ouvrir une fin de semaine sur quatre et instaurer un numéro commun qui puisse diriger les citoyens de la région vers le bon endroit? Non, tout le monde est fermé! »
«Mais jusqu’à récemment, la seule chose que les médecins, autant les spécialistes que les omnipraticiens, ont défendu, c’est leur argent. On est parmi les gens les mieux payés au Québec et on vient dire qu’on n’est pas assez payés, alors qu’il y a des gens qui crèvent de faim? »
«Mon père est décédé aux soins palliatifs à l’Hôpital Notre-Dame il y a quelques années. Il a un jour demandé à une préposée de rapprocher son plateau de nourriture. Elle lui a répondu que ce n’était pas sa tâche et qu’il fallait demander à l’infirmière! »
«Ce serait de regarder les nouvelles façons de financer le système. Il y en a une qui fait toujours trembler tout le monde, c’est de louer les salles d’opération et les laboratoires de biochimie des hôpitaux le soir et la nuit pour des interventions du secteur privé, comme la chirurgie esthétique. Ces salles sont bien souvent fermées 18 heures sur 24. On pourrait faire du profit et le réinvestir dans l’hôpital. »
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Commentaire profond du très suffisant Louis Cornellier (le Devoir) : “une forte odeur libéralo-caquiste”.
“Lamontagne, qui se dit un partisan des politiques d’austérité, nous ressert ici les solutions qu’il prône depuis des années : allégement des conventions collectives, partenariats public-privé, travail en équipes multidisciplinaires accordant plus de responsabilités aux infirmières et formation revue des médecins, incluant une dimension humaniste. Lamontagne affirme qu’il « faut dépolitiser la gestion des services de santé ». Ses propositions, pourtant, peu originales, dégagent une forte odeur libéralo-caquiste. On peut faire mieux, autrement.”